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Channel: Blogue Mauricie Ȏthique
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Gouverner au futur antérieur

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Ce qui émane des audiences de la Commission Charbonneau en aura sûrement fait réfléchir plus d’un ces derniers temps. Je trouve remarquable cette grande distance qu’a pris le monde des affaires face aux principes éthiques qui devaient pourtant les guider.

Nous assistons ici à des repentirs et des aveux qui en disent long sur la conduite récente de certains de nos dirigeants et quelques-uns de nos élus, ceux-là même qui normalement devraient donner l’exemple. En effet, Il est difficile de croire que durant des décennies les firmes d’ingénierie aient bafoué avec une telle désinvolture les règles d’éthique les plus élémentaires. Ont suivi les entrepreneurs, les ingénieurs, les constructeurs et autres. Comme si ce n’était suffisant, certains dirigeants politiques sont rapidement devenus des complices silencieux et complaisants. Serait-ce que l’argent qu’on considère bien souvent comme ‘le nerf de la guerre’ soit devenu le seul élément à considérer pour assurer une meilleure gouvernance? J’en doute fort. J’affirme que c’est plutôt la complaisance qui est à l’origine de tous ces maux qui empoisonnent l’univers de la gouvernance qu’elle soit municipale ou pas.

Pour comprendre le phénomène il faut savoir reconnaître que le québécois n’aime pas la chicane ou l’affrontement. Plutôt que de confronter ce qui lui paraît ignoble ou plus simplement dénoncer un écart de conduite flagrant de la part d’un de ses commettants, il préfère se contenter de reconnaître la méprise tout en s’assurant d’en diminuer l’impact réel, quitte à en oublier la raison même de son questionnement. En termes clairs, hélas, plusieurs gouvernants sont mous et peut-être même tout à fait inconscients. Depuis plus d’une vingtaine d’années, la culture contractuelle qui s’est immiscée dans le monde municipal appelait nos dirigeants à accepter que la collusion fasse partie des enjeux quitte à laisser monter les coûts en flèche, consentir à des extras ou encore élaborer des surveillances de chantier gérées de manière à générer des frais supplémentaires pourtant injustifiés. Triste constat. Et n’allez pas croire que les ‘régions’ aient été épargnées!

La jurisprudence en matière d’éthique, telle qu’évoquée pendant les audiences par la juge Charbonneau et le commissaire Lachance, est pour tout auditeur attentif porteuse de valeurs oubliées. À mon point de vue, la plus grande valeur éthique demeure la transparence. Que pourrait craindre celui ou celle qui exerce ses fonctions de gouvernant en maintenant au premier plan la franchise, l’intégrité et la loyauté pour ne nommer que ces seules vertus? Le pire ennemi de la transparence c’est bien la complaisance face à la magouille, celle qu’on voit venir ou constate mais qu’on ne stoppe jamais. Bien sûr, personne n’est à l’abri des mauvaises influences sauf que… la morale est une affaire de conscience. Où situez-vous la vôtre?

Si je conjugue encore aujourd’hui ma conscience au futur antérieur, c’est qu’à la fin de mon terme de gouvernant, je pourrai affirmer avoir porté le nom d’élu dans toute la dignité de sa charge. De toute façon, ne dit-on pas que le passé est garant du futur?


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